Création

14 mars 2000 au Conservatoire de Perpignan par le quatuor Ludwig

Description

1996-99 Quatuor à cordes

partition disponible sur Babelscores

Création à Perpignan le 14 mars 2000 et Paris (Radio-France) le 18 mars 2000

Écrit pour le Quatuor Ludwig, fruit d’une longue gestation; l’auteur, comme tant d’autres, ayant longtemps hésité à se lancer dans cette redoutable quintessence de la musique de chambre.

Alain Louvier rompt ici – à dessein – avec le mouvement unique composé de sections enchaînées, qui prévaut dans sa production de Chant des Aires à Itinéraires d’Outre-Rêve et au Concerto pour Alto.

Présentation de l’auteur

Le quatuor se compose de 8 mouvements assez brefs:

1- Discours véhément et cadenciel du violoncelle, dont la 4ème corde est descendue au la grave de la contrebasse.

( cello impetuoso…) ( 2′ 30″)

2- Interlude assez berceur, en sourdines, installant l’harmonie la- do+1/4- mi- sol+1/4, caractéristique du mode “imparfait” en la*. Fin inattendue sur ré… (impair/lude…) ( 1′ 50″ )

3- Discours lyrique de l’alto, utilisant beaucoup de marches intervalliques en 3/4, 7/4 ou 9/4 de ton; fin assez funèbre avec des sourdines lourdes; éclairage final du mode imparfait sur mi. ( l’Empire du Milieu…)

( 3′ 50″)

4- Sorte de scherzo sarcastique, démarquage presque textuel de l’Agrexandrin “Vous les hachez menu comme chair à pâté”, écrit en 1981… les modes de jeux “grinçants” ( derrière le chevalet, pression exagérée, etc…) y remplacent les avant-bras et paumes du pianistes; transmutation plus qu’instrumentation.

( Hachoir du temps; petite scie en ré….) ( 2′ )

5- Le plus ambitieux, le plus délicat de justesse aussi… 24 séquences écrites successivement dans l’ordre des “tonalités” imparfaites; le quatuor permet, dans ce mouvement lent central, cette succession faisant appel aux 24 quarts de ton. ( les 24 fuseaux de Magellan…) ( 3’50” )

6- Réécriture d’un cadeau-anniversaire antérieur (transformation en mode imparfait de Happy Birthday to you...)…. deux équipes se forment ( V1-A et V2-Vlc ) qui se lancent dans un contrepoint effréné à des vitesses différentes…citations quart-de-tonisées de Ludwig en personne ( Grosse Fuge) ou de de la Symphonie Jupiter ( dont le final ressemble étrangement au Happy Birthday ) …. bataille furieuse de pizzicati arrachés: le second violon, effrayé, va se cacher en coulisse…

( Mais pourquoi partez-vous?…) ( 3′)

7- Tapis mouvant d’un trio à cordes rescapé qui varie à la fois la vitesse de bariolage d’un harmonique intermittent, le déplacement touche/ chevalet, le chromatisme, et l’enfoncement du doigt… effet de flou complexe… au loin, une mélopée ressurgit, du second violon finalement amadoué, qui reprend tranquillement sa place. ( Plus fait douceur que violence…) (2′ à 2′ 30″)

8- Ce devrait être le tour du premier violon; mais ses cadences heurtées sont souvent amplifiées en octuor, en raison de l’emploi d’accords de huit sons en doubles cordes. C’est la suite des nombres pyramidaux ( 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 36) qui régit temporellement et harmoniquement ce final, terminant sur le la imparfait, avec emportement… ( final octopyramidal…) ( 6′ ca )

Ce déroulement un peu baroque doit son unité à l’emploi permanent du mode imparfait, guère utilisé depuis Canto di Natale ou le Clavecin non Tempéré.

 

* Le mode “imparfait” est intermédiaire entre le mode majeur et le mode mineur mélodique descendant;

ainsi, dans le ton de LA, les notes do , fa, sol sont haussées d’un 1/4 de ton.

 

 

Pour la théorie des modes en 1/4 ton, noter ce lien
www.jstor.org/stable/40591308
où se trouve un article d’Alain Louvier
dans la revue Musurgia

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